Robert Schumann, Quintette pour piano en mi bémol majeur op. 44

Quatuor Hanson

Anton Hanson et Jules Dussap, violons

Gabrielle Lafait, alto

Simon Dechambre, violoncelle

 

Adam Laloum

 

Mercredi 14 août à 18h00

Église Saint-Etienne, Vallouise-Pelvoux

Allegro brillante (mi bémol majeur, à 2/2)

In modo d'una marcia, un poco largamente (en ut mineur, à 2/2)

Scherzo : Molto vivace (en mi bémol majeur, à 6/8)

Finale : Allegro ma non troppo (en mi bémol majeur, à 2/2)

 

Le Quintette pour piano en mi bémol majeur, op. 44, de Robert Schumann a été composé en septembre et octobre 1842. Première œuvre romantique pour cette formation, il est écrit pour piano et quatuor à cordes (deux violons, alto et violoncelle). Il fut créé le 8 janvier 1843 par des musiciens du Gewandhaus de Leipzig et Clara Schumann au piano.

 

On sait que l'inspiration de Schumann fonctionnait par bouffées, et que le créateur s'intéressait à un genre musical jusqu'à en épuiser les possibilités d'expression, avant de d'abandonner, définitivement le plus souvent. Ainsi, en 1842. Il explore la musique de chambre, quatuors et quintettes, écrit sept œuvres qu’i1 juge définitives, et ne reviendra jamais à une formation supérieure au trio. Alors que les quatuors à cordes penchent du côté mélancolique d’Eusébius, le quintette et le quatuor avec piano (l'opus 47) versent du côté de Florestan, en particulier grâce au rôle tonique et enthousiaste de cet instrument, symbole de sa chère Clara.

 

Il écrit en quelques jours de septembre l'esquisse du quintette, créé en privé chez les Voigt par Mendelssohn, puis en public le 8 janvier 1843, par Clara elle-même, qui le rejoue chez son père devant Wagner, admiratif, et un peu plus tard devant Berlioz puis Liszt, beaucoup plus critiques, et parfois féroces.

 

1 - Allegro brillante . forme sonate à deux thèmes opposés, affrontés. Le premier, viril, éclate immédiatement avec fougue et se développe dans une grande instabilité tonale. « Il alterne d'emblée avec sa propre variante féminine, d'une nature plus rêveuse, préparant le deuxième thème principal qui appartient à Eusébius : une merveilleuse mélodie lyrique» (H. Halbreich). Le développement est un véritable concerto pour piano et cordes. Réexposition et brève Coda.

 

2 - In modo d'una marcia « Un poco largamente », en ut mineur : fine marche funèbre, presque aussi célèbre que celle de Chopin, construite sur trois thèmes suivant la structure concentrique du rondo (A B A C A D A). Le premier offre des dissonances poignantes qui contrastent avec la mélodie apaisante - « espressivo ma sempre piano » - du second. Au centre, une « chevauchée nocturne sauvage ct passionnée en fa mineur dont l'intensité évoque le Roi des Aulnes » (H. Halbreich).

 

3 - Scherzo molto vivace, en mi bémol majeur : gammes montantes et descendantes se succèdent impétueusement avant deux Trios, une fois de plus, très contrastés : le premier sombre (citation de la Romance op. 3 de Clara), ouvert aux «lointains parages du rêve» ; le second oscillant et impétueux. Coda « jubilatoire ».

 

4 - Finale, allegro ma non troppo, en mi bémol majeur : « Monument de la musique schumannienne, ce finale brille par ses qualités viriles, sa puissance, la splendeur des sonorités qui magnifient l'abondance de mélodies précieuses » (J.A.Ménétrier). Exposition complexe, instable, riche de quatre idées, avant développement contrapuntique et canonique. Coda non fuguée qui achève l'œuvre dans un climat de « saine vitalité et de bonne humeur » (id). Liszt ne paraît pas l'avoir entendu ainsi, trouvant l'œuvre trop académiqne, « leipzigeoise ». Son ironie, ses propos mordants sur Mendelssohn, au moment où celui-ci venait de mourir, devaient blesser cruellement Schumann.

 

Ce quintette eut une glorieuse postérité : Brahms, bien sûr, mais aussi Dvorak, Fauré, Martinu, etc... Des quatre, il est, de loin, le plus joué et le plus populaire.

 

Après l'avoir écouté, trouverez-vous des arguments pour, après Nietzsche, ne voir dans Schumann qu'un petit bourgeois allemand attardé dans un sentimentalisme mou, un chantre de l'émotion « vieille fille », incapable de construire solidement et d'explorer clairement des idées «positives» ? Ou sortirez-vous de ce concert, convaincus que, plus que n'importe quel autre musicien, il aura été, comme le dit André Boucourechliev, « le dernier de ces destins accomplis, tôt abolis, de ces hallucinés dédiés à une mort précoce par le refus d'un monde sans mystère, d'un temps irréversible, et qui engageaient dans leur quête de l'infini non seulement leur œuvre, mais leur vie même et leur raison » ?

                                                                                                                                  Durée d'exécution : environ 45 minutes.

 

(D'après la Société de Musique de Chambre de Marseille)

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