Maurice RAVEL
Trio pour violon, violoncelle et piano
(Pierre Fouchenneret, Victor Julien-Laferrière et Théo Fouchenneret, Mercredi 13/08 , « Le Panoramic » à Puy-Saint-Vincent 1600)
Depuis le quatuor à cordes écrit en 1903, Ravel n’avait plus rien composé pour la musique de chambre. Il pensait pourtant depuis longtemps à un Trio, comme en témoigne cette boutade en réponse à une question de Maurice Delange : « Mon Trio est fini ; il ne manque que les thèmes… » Preuve que dans son esprit le projet était assez avancé pour que l’architecture générale en soit déjà tracée. Mais il ne se mit réellement à la composition qu’à son retour à Saint-Jean-de-Luz, en février 1914, « pour fuir les tumultes parisiens ».
Cette œuvre passionnante est en quatre mouvements :
· Modéré
· Pantoum (assez vif)
· Passacaille (très large)
· Final (animé)
Le premier, Modéré, s’ouvre sur quatre mesures à 8/8 de rythme inhabituel : 3 croches, puis 3 croches, puis 2 croches à la voix supérieure, se combinant à l’accentuation des 4 noires à la basse. Ce thème particulier, qui évoque peut-être le folklore basque, est repris immédiatement par les cordes en mélodie de caractère méditatif, bien que plus agité dans sa partie médiane.
Le deuxième mouvement, intitulé assez énigmatiquement Pantoum (assez vif), occupe la place du Scherzo classique. Ce terme de « Pantoum », emprunté à la poésie malaise, définit un poème en quatrains dans lequel les 2e et 4e vers de la première strophe sont repris en 1e et 3e places dans la deuxième et ainsi de suite. Ici, c’est dans le Trio de ce mouvement que la formule semble avoir été appliquée, où se combinent le 3-4 ternaire des archets et le 4-2 binaire du piano.
Le troisième mouvement est une Passacaille (très large), dont le thème principal, né dans le grave du clavier en 8 mesures à 3-4, passe ensuite au violoncelle puis au violon, s’élevant chaque fois d’une octave . Puis cette démarche est reprise en sens inverse, accentuant encore le caractère méditatif du morceau.
Le très brillant Final (animé), écrit en forme de Rondo sur des mesures à 5-4 et 7-4, est celui dans lequel les effets pseudo-orchestraux sont les plus marqués et la partie piano la plus éblouissante. Y abondent trilles, arpèges, doubles cordes, en une savante composition d’un goût extrêmement raffiné, d’une exubérante gaieté, qui ne peut laisser personne indifférent.
D'après la Société de Musique de Chambre de Marseille
"Pantoum" par Shirly Laub (violon), Christoph Croisé (violoncelle) et Rodolphe Mengy (piano)...