Maurice RAVEL

Tzigane pour violon et piano

 

(Pierre et Théo FOUCHENNERET, Mercredi 13/08 

« Le Panoramic » à Puy-Saint-Vincent 1600, 18h)

 

Cette pièce extraordinaire pour violon et piano date de 1924. Ravel, qui allait bientôt atteindre la cinquantaine, revenait d’un nouveau voyage à Londres où il avait dirigé l’exécution de plusieurs de ses propres œuvres. Quatre ans auparavant, il avait composé le célèbre poème chorégraphique « La Valse » et, deux ans après, la Sonate pour violon et violoncelle. Maintenant il travaillait à la fois à « L’enfant et les sortilèges », la sonate pour violon et piano, et à cette rhapsodie avec violon qu’il appellera « Tzigane » et dont il fera une œuvre pour violon et grand orchestre et une pièce pour violon et piano.

En bonne rhapsodie qu’elle est, « Tzigane » apparaît comme un chapelet de variations successives juxtaposées sans développement.

Après un grand préambule de concert (Lento quasi cadenza) où le violon se livre à découvert à divers exercices de haute école (traits, notes piquées, mordants et trilles), une cadence foudroyante du piano amorce la série traditionnelle des improvisations tziganes, Friska, Csardas. Le récitatif du violon solo expose à son tour un thème lent, solennel et pompeux, qui manifeste une forte couleur tzigane ; puis un autre, plus expressif, plus dansant, utilisant le si bémol mineur. Ce récit, dont les valeurs très inégales vont de la blanche à la triple croche, s’interrompt pour laisser chanter l’inévitable Rubato, phrase plus tendre, qui, d’ailleurs, s’énerve bientôt et dégénère en fiévreuse vocalise. Sur la fin, la rhapsodie s’impatiente et traverse fébrilement toutes sortes de tonalités successives ; les ornements tziganes, gruppettos de petites notes, trilles stridents de seconde mineure, et aussi de dures dissonances, composent à ce strette la parure la plus éclatante qui se puisse imaginer.

 

D'après la Société de Musique de Chambre de Marseille